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Faut-il acheter un logement qui emploie des matériaux bio et géosourcés ?

Publié le 03 novembre 2022

De plus en plus utilisés, les matériaux bio et géosourcés ont le vent en poupe. Mais peuvent‑ils vraiment remplacer le béton, l’acier ou la laine de verre ? Et sont‑ils vraiment compétitifs sur le plan économique ? Quelques éléments de réponse dans cet article.

Les matériaux bio et géosourcés : écologiques et solides !

Bois, paille, liège, chanvre, terre crue… Peut-on vraiment construire des bâtiments avec ces matériaux ? La réponse est oui. Même si leur usage s’est raréfié dans les pays développés, les matériaux géosourcés comme la terre crue sont présents dans plus de la moitié des constructions à l’échelle du globe. Aux États-Unis, la paille a été utilisée dès la fin du 19ème siècle pour pallier le manque de bois dans certaines régions. Grâce à elle, on a pu construire des habitations, mais aussi des édifices publics et religieux, à l’image de la Pilgrim Holiness Church, dans le Nebraska.

Si les matériaux bio et géosourcés connaissent aujourd’hui un regain d’intérêt, c’est parce qu’ils répondent parfaitement aux exigences de la RE 2020, qui vise à réduire l’empreinte environnementale des logements neufs. En effet, le bois, la paille, le chanvre ou la terre crue sont bien plus écologiques à produire que le béton. Ils ont également la capacité de capter et de retenir le CO2 : une étude a ainsi démontré qu’un mur de 1m2 épais de 35cm en béton de chanvre stocke instantanément 35kg de CO2. Conclusion : non seulement les matériaux biosourcés ou géosourcés ne sont pas moins solides et durables que les matériaux de construction « classiques », mais en plus, ils sont bien plus intéressants sur le plan écologique.

Une filière en pleine expansion

En France, les constructions qui emploient au moins en partie des matériaux bio ou géosourcés sont de plus en plus nombreuses, même si elles ne sont pas toujours facilement repérables. En effet, un immeuble en béton peut très bien incorporer des matériaux bio ou géosourcés qui ne sont pas visibles au premier coup d’œil, comme des enduits naturels (argile, chaux), ou des isolants végétaux tels que la laine de bois ou la chènevotte (paille de chanvre). C’est ce que l’on appelle la « mixité des matériaux », une pratique que la RE 2020 entend généraliser. Selon le Cerema (un établissement public qui dépend du ministère de la Transition écologique) il faudrait atteindre les 10 % de matériaux bio ou géosourcés à la fin de la décennie si l’on veut envisager la neutralité carbone à horizon 2050. Le défi n’est pas impossible : en Île-de-France, par exemple, la part de la construction bois est passée de 3,9 % en 2018 à plus de 6,4 % en 2020 (source : enquêtes nationales de la construction bois). Certes, la construction du village olympique et des gares du Grand Paris n’est pas étrangère à cette évolution. Toutefois, la région a aussi investi plus de 2 millions d’euros pour encourager la filière et accélérer la mixité des matériaux sur les chantiers.

Matériaux bio et géosourcés : quid du prix ?

Toutefois, tout n’est pas rose au pays de la construction verte. Les matériaux bio et géosourcés ont un inconvénient : leur prix. Selon une étude réalisée par le Cerema en 2017, la plupart des isolants végétaux (lin, chanvre, bois, coton) sont plus chers que la laine de verre. Seule la ouate de cellulose peut rivaliser. Le bois, lui, a vu son prix énormément fluctuer ces dernières années. Le ralentissement de la construction aux États-Unis fait qu’aujourd’hui, ce matériau est redevenu abordable, mais rien n’indique que cela sera toujours le cas dans les années à venir.

Par conséquent, est-il bien raisonnable d’acheter un logement qui emploie des matériaux bio ou géosourcés ? Tout d’abord, il faut être conscient d’une chose : ces matériaux se trouvent principalement dans les logements RT 2012 ou RE 2020. Or ces logements ne sont pas seulement plus écologiques à fabriquer : ils sont également beaucoup moins énergivores, ce qui représente un avantage de taille à un moment où les prix de l’énergie grimpent en flèche. En outre, les habitations RT 2012 ou RE 2020 garantissent aussi une certaine tranquillité d’esprit face aux exigences de rénovation qui, de plus en plus, pèsent sur les propriétaires de logements anciens. Autrement dit, acheter un logement qui emploie des matériaux bio ou géosourcés n’est pas seulement un choix du cœur : c’est aussi un investissement rationnel qui, à n’en pas douter, portera ses fruits dans les années et décennies à venir.

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