Jonathan Zeitoun, Pierre Étoile : "Nos programmes sont porteurs d'innovations collectives"

La crise du Covid s'estompe, les affaires sont-elles reparties comme précédemment ?

La crise a été surmontée chez Pierre Étoile parce que nous sommes tout à fait digitalisés.
Et aujourd'hui, on a l'impression que tout est redevenu comme avant. Depuis que les bureaux de vente ont réouvert, les résultats montrent que c'est reparti, très rapidement. 
Par contre on sait que le chômage va augmenter et va mettre en cause la solvabilité de nos clients. On s'inquiète déjà car les conditions d'octroi de prêt des banques se durcissent. Il faut éviter une crise de confiance. 

Quels sont les points forts de votre activité aujourd'hui ?

Deux grosses opérations, menées avec des aménageurs :
Nous avons remporté le concours d'une opération à Antony, qui comporte 143 logements, en accession, 60 logements sociaux et une résidence étudiante ; la commercialisation a dû être reportée au 1er trimestre 2021.
L'autre projet, à Voisins-le-Bretonneux, est le premier concours gagné par la marque Les Promoteurs du Grand Paris, avec dans le groupement Paris Ouest Promotion, MBH et Pierre Étoile, associé à un nouveau promoteur, Leev. Ce projet, un éco-quartier, représente 500 logements, dont 270 en accession.

Vers quelles évolutions vous tournez-vous ? on parle beaucoup de la construction bois…

C'est quelque chose que nous avons étudié mais, on se rend compte que ça coûte en fait extrêmement cher. Le bois, j'y crois pour 20 à 30% des constructions, ou pour surélever de 2 ou 3 étages sur une construction béton. 
Ce en quoi je crois plus, c'est le béton bas carbone, qui utilise des ressources locales, qui est recyclable et compatible avec la réglementation RE2020.

L'innovation, telle qu'on la vit actuellement porte sur d'autres aspects, comme les innovations d'usage.

Par exemple à Voisins-le-Bretonneux, les 500 logements vont occuper 30 000 m² sur 5 ha, soit une densité de 0,6. L'idée d'une part est de conserver au maximum les boisements existants d'une part, et de replanter des semis d'espèces locales d'autre part, pour perpétuer l'identité végétale du lieu. Outre cela, des arbres fruitiers et à coque seront plantés.
Un prestataire gérera l'agriculture de voisinage, avec des jardins partagés, sur des parcelles privées et sur des parcelles publiques. Ces potagers permettront aussi de jouer ce double rôle : productif et de lien social.
Et on est attentif à la vie quotidienne des habitants : il y aura une conciergerie destinée à l'ensemble des habitants du quartier ; la place de la voiture sera limitée, piétons et cyclistes seront favorisés, et les trottinettes électriques seront en autopartage.

Pour d'autres projets, on créé des terrasses partagées, des espaces pour les enfants, bref de l'innovation collective. On est vraiment axés sur ça en ce moment.

Ce sont les aménageurs qui vous demandent ça ?

Non, les aménageurs nous disent "Voilà, on a ce quartier à faire vivre, comment le voyez-vous dans l'avenir ?", et nous travaillons, c'est comme ça qu'on gagne des concours.
 
Et comment gagner ? L'architecture ? tout le monde sait en faire. Les logements connectés ? c'est devenu commun. Mais ce qui est nouveau, c'est l'innovation collective, qui permet à chacun de bénéficier de services, et en faisant travailler des start-ups locales. 

La prochaine innovation à mon avis, ce sera le travail à domicile. Car durant le confinement, les gens se sont rendu compte qu'ils ont besoin de la cohésion du travail en entreprise mais que c'est bien aussi d'être chez soi deux jours par semaine. 
Est-ce qu'on devra prévoir des petits bureaux dans les logements, ou à l'échelle de la résidence, un espace de co-working inter-résidents… Nous sommes en train d'y réfléchir.