Christian Grellier, Bouygues Immobilier : "Nous sommes dans un moment charnière de la transformation de l’immobilier"
Publié le 16 janvier 2020
Votre ouvrage explique la construction 4.0. Qu’est-ce que c’est ?
Permettez-moi un rappel du contexte, qui nous amène à penser que nous sommes à un moment charnière de la transformation de l’immobilier, grâce au digital.
Le développement durable tient une place importante auprès des clients et des collectivités locales, ce qui conduit à des performances énergétiques garanties, à la production d’énergie renouvelable, à une construction bas carbone, et à la réutilisation des matériaux de déconstruction. On va aussi vers la construction flexible, les clients évoluent et sont plus focalisés vers des logements smart que sur l’aspect patrimonial. Ils demandent des offres très personnalisées, des services associés aux biens, une attention portée au coût d’usage. Et les coûts de construction doivent cesser de monter sans cesse.
Et la réponse, c’est…
La construction 4.0. Le BIM (Building Information Modeling) est évidemment l’outil fondamental de cette démarche. C’est une maquette numérique, en 3D, qui contient tout le projet, couche par couche, et qui permet la collaboration entre tous les acteurs d’un projet, avec les processus de réalisation. Visualisation 3D de l’ensemble du projet, analyses et simulations, suivi de réalisation, tableau de bord pour l’exploitation du bâtiment en temps réel,…
Et l’horizon qui s’ouvre grâce au BIM, ce sont des bâtiments à la conception partagée, des constructions performantes, connectées, dotés d’une maintenance prédictive, monitorées en temps réel.
Et aussi une construction flexible, par exemple il va être aisément possible de reconfigurer les bâtiments, voire de transformer des espaces de bureaux en résidentiel ou en hôtelier avec un minimum d’interventions. Et puis un bâtiment intensément utilisable, avec une mutualisation des ressources et des espaces, comme les parkings. C’est possible avec un peu de technologie.
Un autre aspect encore, ce sont les modes de construction, qui doivent évoluer, le béton sera confronté à une probable pénurie de sable, il faut donc aller vers autre chose. Nous avons déjà réalisé des opérations en ossature bois, avec toutes les qualités du bois : performances énergétiques, confort, rapidité de construction… Mais la filière n’est pas encore organisée, aujourd’hui ça ne peut pas être généralisé.
Et la construction modulaire doit être l’aboutissement de cette démarche ?
Exactement. Il s’agit d’éléments qui sont fabriqués en usine, et assemblés les uns avec les autres sur le chantier, un peu comme un Lego !
Aujourd’hui, tout est fabriqué sur place, à l’unité, dans des conditions rarement optimales, et recommencé à chaque chantier. Avec la construction modulaire, les délais et les coûts seront raccourcis dans des proportions qu’on peine à imaginer, les nuisances seront largement diminuées, et la construction, gouvernée par le BIM, sera plus simple,
La filière démarre à peine en France. Il nous faudra un partenaire industriel pour aller vers la conception, puis la construction modulaire. Pour l’instant nous en sommes au stade des prototypes.
La construction 4.0, c’est prendre le meilleur des énormes évolutions de l’industrie et de l’automobile, pour les adapter à nos métiers. D’ailleurs ceux qui en mettent en œuvre les premiers exemples, aux USA, ne sont pas issus des métiers du bâtiment.
Et nous devons embarquer les ingénieurs et ceux qui apprennent ce métier dans ce mouvement. C’est pourquoi nous avons écrit ce livre. Pour basculer rapidement vers cette démarche vertueuse. Le digital doit avancer !
D’un point de vue tangible aujourd’hui, où en êtes-vous ? Le BIM se développe dans vos projets ?
Oui, le groupe est très volontariste à ce niveau. Toutes les opérations qui commencent sont conçues en BIM, y compris, (pour les programmes dans le tertiaire pour l’instant), la maquette livrée avec le bâtiment, pour en permettre l’exploitation.
Nous avons aussi trouvé une solution destinée aux petits partenaires, les petites entreprises de plomberie en province, par exemple : elle permet de mettre à leur disposition les informations dont ils ont besoin, extraites du BIM, sans devoir en passer par des démarches ou des formations sophistiquées.
* https://www.dunod.com/sciences-techniques/construction-40-reinventer-batiment-grace-au-numerique-bim-dfma-lean-management
Faire une recherche
Vous avez une question ?
Vous avez une interrogation sur un sujet ? Posez votre question à notre rédaction, nous traitons le sujet et nos experts vous répondent !
Poser une question